mercredi 11 juin 2008

Réforme, N° 2408 du samedi 8 juin 1991, Paris


Théâtre

Cet animal étrange

Caractères de Tchekhov


Anton Tchekhov (1860 - 1904) a fait depuis des lustres le bonheur des entrepreneurs de spectacles avec "Oncle Vania", "La Mouette", "La Cerisaie", etc..., et en littérature celui des amateurs de contes et de nouvelles, où ce chantre du désespoir donne à plein régime. Sentait-il que la tuberculose l'emporterait à 44 ans?

Dans son oeuvre, il dit vite ce qu'il a à dire, c'est-à-dire l'essentiel, en des raccourcis saisissants. Son esthétique littéraire le portait aussi au lapidaire pour les observations cliniques de ses personnages, accompagné d'un humour noir frisant l'indifférence. A partir de banalités quotidiennes, il brosse à grands traits l'essentiel des caractères ou des attitudes où rien cependant n'est bien tranché, où tout se mêle et s'emmêle, du profond au superficiel, du tragique au ridicule ou au mesquin. N'ayant pas le goût pour "vaticiner", il pose le problème correctement. Ses portraits à l'emporte-pièce sont des instantanés, ses contes des romans implicites où le raccourci est maître du jeu, où chaque mot et chaque geste comptent. Tout est là par le détail essentiel, significatif, un peu provoquant.


Tout cela se retrouve assez bien dans le spectacle de la Galerie à la Cité Universitaire par la troupe D-Nué, dans une mise en scène intéressante et originale de Sadreddin Zahed, cet animal étrange, inspiré des nouvelles de Tchekhov par Gabriel Arout, spécialiste d'adaptations parfois audacieuses. En saynètes rapides, le conteur russe, comme l'imaginait notre enfance portée au dépaysement, fait tourner devant nous sa lanterne magique et des personnages, guère vertueux, de la vie de tous les jours. C'est une suite de pochades de cet individu qui s'appelle homme, de ses dérapages ou dérives, de ses joies brèves ou de ses longues peines et de divers moments peu glorieux.

Tchekhov ne juge pas; il révèle sans emphase la pauvreté des coeurs et des âmes enlisés où la grâce semble avoir peu de place sinon peu d'avenir. Histoire de la vie par un homme malade et meurtri.

Sadreddin Zahed met en place, dans un flou poétique, ses personnages au sein d'une Russie provinciale; des êtres frustes, simples, aux défauts universels. Cette évocation prend le parti de la gentillesse, comme si on entendait encore au fond de notre mémoire un conte de fées ou une légende de pays lointains, soulignés par quelques préludes musicaux posant l'ambiance semi-orientale. Tout cela est bien senti, bien en place, évocateur et gentil, comme un livre d'images où l'on a de la peine à plaindre les personnages semeurs de tumultes, mais c'est une bien belle histoire.

Philippe HUGUET

  • Cet animal étrange, inspiré des nouvelles d'Anton Tchekhov par Gabriel Arout, mise en scène par Sadreddin Zahed, Galerie Cité Universitaire, 21 boulevard Jourdan, Paris 14e. A 20h30, jusqu'à fin juin.

La Presse et mes spectacles en France


La presse



CET ANIMAL ETRANE : Prix de la francophonie – Festival des Arlequins 92
G. Arout (d’après les récits de Tchekhov)

Tchekhov repensé, transposé par un Iranien. Jubilatoire et insolite. A déguster les yeux ouverts en pleine confiance.
(L’HUMANITE 25 Mai 91)

Dans un flou poétique, comme si on entendait encore au fond de notre mémoire un conte de fées.
(LA REFORME 8 Juin 91 Philippe Huguet)

Dans la meilleure tradition du théâtre persan. Intensément créateur. Aux couleurs russes, françaises et perses.
(MUTUALITE 91 Roger Maria)

Grâce à la fluidité de la mise en scène, l’enchaînement des scènes, le mouvement des acteurs, le texte s’avale à grosses lampées. Du théâtre en complet dénuement, d’où le nom de la troupe.
(OUEST-FRANCE 4 Mai 92)

Un mélange Orient-Occident intéressant.
(LE NOUVEL OBSERVATEUR 92 Sylvie Thomas)

Les formes traditionnelles du théâtre iranien se mêlent aux formes théâtrales de l’Occident. Le fruit de cette rencontre est un spectacle empreint de merveilleux.
(ROUZEGAR-E-NOW Juillet 91 M. Sahar)

" Cet Animal Etrange " is directed with outmost deprival, without any set or props. Here the traditional forms of the Iranian theater join with the forms of Occidental theater. The result is a play moulded with wonder.

( ROUZEGAR-E-NOW, Persian magazine, published in Paris, July 1991, M. Sahar)

Les éternelles fluctuations de la vie quotidienne nous sont contées avec tant d’humour et de légèreté que nous émergeons du spectacle comme on émerge d’un rêve.
(KEYHAN 20 Juin 91 Djamile Nedaî)

In this play there is no set and no display. As if he were a music director, Sadreddin Zahed blends so well the actors and their roles that they become sounds of a harmonious melody. In this play the everlasting versatility of mankind is told with so much humour and lightness that we emerge from it as if from a dream.

( KEYHAN, edited in London, June 1991, Djamileh Nedai )

C’est un spectacle moderne issu de la tradition orientale et de l’expérience occidentale.
(ARASH Juin 92)


F. Daftari, H. Javdan, M. Kaminker

TROIS GOUTTES DE SANG
Sadeq HEDÂYAT


C’est un spectacle où contenu et forme s’entrelacent de façon intéressante et où l’univers de Hedâyat acquiert une forme théâtrale.
(ROUZEGAR-E-NOW juillet 91 M. Sahar)

Zahed has been inspired by the traditional forms of the Iranien theater to direct the play in a very deprived way. It is a play where the text and the directing have melted together in a very interesting way, and where the world of Hedayat reach a theatrical inscape.

( ROUZEGAR-E-NOW, Persian magazine, published in Paris, July 1991, M. Sahar )


Peter Merry, Fariborz Daftari, Adeline Nunez, Yoann Lavabre


L’OMBRE
Evgueni SCHWARTZ


Une pièce-conte au carrefour de la tradition du théâtre persan et de l’expérience occidentale.
(PARIS BOUMBOUM 93 )

Dance : Blandine Minot


GRAND’PEUR ET MISERE DU III° REICH
Bertolt BRECHT
(Spectacle sélectionné pour la finale du festival des Arlequins 95 )


Le spectacle a conquis le public qui l’a longuement applaudi.
(COURRIER DE L’OUEST 12 AVR 95 )


Un remarquable travail sur Brecht. Traiter un tel sujet avec tant d’efficacité n’allait pas de soi.
( OUEST FRANCE 13 AVR 95 )


La montée en puissance de leur sobre machinerie a été un grand moment de théâtre.
( EDITO FESTIGAZETTE « Les Arlequin »14 AVR 95 )


On ne peut retenir à la fermeture du rideau une vive exclamation « C’est beau ».
( FESTIGAZETTE 14 AVR 95 Sophie Verroest )


La force du texte, l’originalité de l’interprétation ont beaucoup impressionné les Choletais. « Moi, j’en ai encore la chair de poule. C’était mon coup de cœur. »
( OUEST FRANCE 18 AVR 95 Michel Gaillard )


Le public a été ému …La scène finale où tous les acteurs sont nus est époustouflante. L’image est bouleversante.
( COURRIER DE L’OUEST 18 AVR 95 Jacques Rosny « Metteur en scène »)


Vote du public du festival : Arlequin d’or
( COURRIER DE L’OUEST 21 AVR 95 )



Fariborz Daftari, Chantal Charrier

LUNATIQUE
Sadeq HEDÂYAT

L’adaptation scénique de « Lunatique » dans une belle scénographie dépouillée est un travail remarquable. Le passage d’un récit littéraire à une expression théâtrale a été superbement réussi.
( NIMROOZ JUIN 2000 Bahman FORSI « Ecrivain et Metteur en scène »)


Sadreddin Zahed, Fetneh Moghadam

LE BIG-BANG
H. GOLSHIRI

Un spectacle intéressant à propos d’un homme invalide, assis dans une chambre, l’œil au journal, l’oreille à la radio, l’esprit inquiet pour la société, les fenêtres qui ne s’ouvrent pas, les gens qui ne se soulèvent pas mais se contentent de râler.
( KEYHAN 23 MAI J. KHOSHNAM )