jeudi 6 novembre 2008
dimanche 27 juillet 2008
Quintette ( Abbas Naalbandian )
Contes de pluie d’amour et de mort
Abbas Naalbandian
Traduction
Mariam Gassemi – Sadreddin Zahed
Cette traduction est dédiée à
Jean-jacques SCHFFER
Quintette
Contes de pluie d’amour et de mort
Premier mouvement
Il pleut noir, mort
Une pièce avec des objets simples qui dénotent une vie modeste. Une grosse radio très vieille. Une armoire en bois. Sur le sol un vieux tapis. A gauche, un matelas recouvert d’un édredon. Quelques oreillers. Sur la cheminée des objets hétéroclites. A droite, une porte. Une lampe allumée pend au plafond.
Sur le matelas, l’édredon semble cacher un corps. A droite, la mère et la fille sont debout, côte à côte. La fille a la mine défaite, les vêtements en désordre.
La fille : Il est mort ?
La mère : Oui.
La fille : Non.
La mère : (Ironique.) Si !
La fille : Mon dieu !
La mère : Regarde pas !
La fille : Non !
La mère : Crie pas !
La fille : J’ai peur. (Elle s’éloigne de sa mère.)
La mère : Calme-toi !
La fille : Il a les yeux ouverts.
La mère : Reste pas là !
La fille : Il est pas mort ! Ses yeux….
La mère : Tais-toi !
La fille : (Elle court.) Au secours !
La mère : (Elle court après sa fille.) Ta gueule !
La fille : (Elle se heurte au mur.) Qu’est-ce qui s’est passé ?
La mère : Me fais pas peur !
La fille : Il bouge pas, maman !
La mère : Il est mort !
La fille : Sa tête !
La mère : Tu me fous la trouille !
La fille : Appelons quelqu’un….
La mère : Tu veux faire un scandale ?
La fille : Pourquoi ?
La mère : On se demandera pas ce qu’il foutait dans notre lit ?
La fille : Hein ?
La mère : Ou si ça serait pas nous qui l’avons tué ?
La fille : Dans notre lit ?
La mère : Dans ton lit.
La fille : Oui.
La mère : Qu’est-ce qui s’est passé ?
La fille : Il couchait avec moi.
La mère : Et alors ? (La fille se met à pleurer.)
La mère : Alors ? (La fille pleure.)
La mère : Il avait fini ? (La fille pleure.)
La mère : Alors il est à poil. (La fille pleure.)
La mère : Faut qu’on lui mette son pantalon.
La fille : Peut-être qu’il est vivant.
La mère : Non.
La fille : Peut-être qu’il est tombé dans les pommes. Peut-être qu’il a eu une attaque.
La mère : Et alors ? Parle !
La fille : Il était sur moi. Tout d’un coup, il est tombé raide.
La mère : Faut faire gaffe ! (Pas de panique. Voyons voir.)
La fille : D’abord, j’ai pas compris.
La mère : Alors, qu’est-ce que t’as fait ?
La fille : J’ai eu peur.
La mère : Et t’as crié ?
La fille : J’ai eu peur. J’ai crié. T’es venue. Je l’ai repoussé. J’ai sauté du lit.
La mère : ça tape dans ma tête.
La fille : Faut appeler les flics.
La mère : Y a pas du bruit dehors ?
La fille : Si c’était les voisins qui se réveillent ?
La mère : Mettons-lui son pantalon !
La fille : Foutons le camp, maman !
(La fille se glisse sous l’édredon, auprès de l’homme. Elle tire l’édredon sur eux. La mère s’asseoit en tailleur par terre, face au public.)
La fille : Arrête !
L’homme : Laisse-moi voir !
La fille : Me serre pas tant !
L’homme : Ta gueule !
La fille : Oh c’que t’es lourd !
L’homme : Ouais.
La fille : Pourquoi t’as dit que je t’ai frappé la gueule avec une caillasse ?
L’homme : Quand ça ?
La fille : Salaud de menteur. (Pause) Pourquoi t’as menti ?
L’homme : Attends ! Attends !
La fille : Tu savais que c’était pas moi. (Pause) Quand est ce que tu vas me foutre la paix ?
L’homme : Pourquoi tu remets ça ? On s’était mis d’accord.
La fille : Tu me dégoûtes.
L’homme : ça fait rien !
La fille : Tire ta main !
L’homme : A chaque coup, tu me les gonfles !
La fille : Ah, si je pouvais te les gonfler vraiment !
L’homme : T’as pas honte !
La fille : Ca te va bien à toi de parler de honte ! (Pause) Grouille-toi, Bon Dieu, je peux plus respirer ! (Pause) Pourquoi tu bouges plus ?
(Soudain la fille hurle. Elle repousse l’homme. Hagarde, elle sort de sous l’édredon, et tremblante, se réfugie contre le mur. La mère se lève, va vers la radio, l’allume.)
Voix de la première femme : Attrape-lui l’autre pied ! Tire- le !
Voix de la deuxième femme : Et s’il reste coincé dans le puits ?
Voix de la première femme : C’est large, il ira jusqu’au fond.
Voix de la deuxième femme : J’ai peur que ça se sache.
Voix de la première femme : Quelqu’un sait qu’on l’a emmené ici ?
Voix de la deuxième femme : Et si quelqu’un venait ?
Voix de la première femme : Tiens-le ! Plus fort ! Jette-le !
(Bruit d’un corps qui tombe lourdement. La mère éteint la radio.)
La fille : Dis quelque chose !
La mère : Attends ! Laisse-moi me reprendre.
La fille : Je crois qu’il faut le dire.
La mère : Ben voyons !
La fille : Mais comme ça, c’est pire.
La mère : Hein ?
La fille : Il diront que c’est nous qui l’avons tué.
La mère : Et s’ils le savent pas ?
La fille : Hein ?
La mère : S’ils le savent pas ?
La fille : Ils le sauront.
La mère : Et s’il était jamais venu ?
La fille : Quoi ?
La mère : S’il était jamais venu ici ?
La fille : Tu veux dire qu’on l’emmène ailleurs ?
La mère : Pourquoi pas ?
La fille : Où ça ?
La mère : N’importe où.
La fille : On peut ?
La mère : On peut pas ?
La fille : Les flics vont nous arrêter.
La mère : Non.
La fille : Si ! Ils nous foutront en taule.
La mère : On va le balancer en douce dans l’égout.
La fille : Il est lourd. Très lourd.
La mère : Eh ben, à deux…
La fille : Moi, j’ai peur. J’y touche pas.
La mère : Si tu l’ouvres encore une fois, je te tue.
La fille : Je touche pas à un mort.
La mère : Pfff !
La fille : Je me sens pas bien.
La mère : (Fais un effort.) Accroche-toi !
La fille : J’peux pas.
(La mère se glisse sous l’édredon, auprès de l’homme. Elle tire l’édredon sur eux. La fille s’assoit en tailleur par terre, face au public.)
La mère : Fumier !
L’homme : Laisse-moi voir !
La mère : Crève !
L’homme : Ta gueule !
La mère : T’as fini ?
L’homme : Ouais.
La mère : T’as pas honte de me dire des saloperies pareilles devant tout le monde, pour si peu de fric ?
L’homme : Quand ça ?
La mère : Va voir là-bas si j’y suis ! Allez, pousse-toi !
L’homme : Attends ! Attends !
La mère : T’as pris de mauvaises habitudes, hein ? Tu rappliques ici tous les soirs.
L’homme : Pourquoi tu remets ça ? On s’était mis d’accord.
La mère : Ce mois-ci, je te payerai un peu plus tard.
L’homme : Ca fait rien.
La mère : Dis à l’épicier d’être gentil.
L’homme : A chaque coup, tu me les gonfles !
La mère : Ah, si je pouvais t’arracher ce truc entre les jambes et t’en bourrer la gueule !
L’homme : T’as pas honte !
La mère : Ca te va bien à toi de parler de honte ! (Pause) Grouille toi, Bon Dieu, je peux plus respirer ! (Pause) Pourquoi tu bouges plus ?
(Soudain la mère hurle. Elle repousse l’homme. Hagarde, elle sort de sous l’édredon, et tremblante, se réfugie contre le mur. La fille se lève, va vers la radio, l’allume.)
Voix du premier homme : Secoue tes habits ! T’as de la poussière.
Voix du deuxième homme : Je me sens mieux.
Voix du premier homme : Oublie pas qu’on s’est pas vus aujourd’hui.
Voix du deuxième homme : Ouais. Pourvu qu’y ait pas de pépin.
Voix du premier homme : Y’en aura pas. Faut seulement pas perdre les pédales.
Voix du deuxième homme : Je me sens mieux, moi.
(On entend un rire sonore. La fille éteint la radio.)
La mère : Faut qu’on lui mette son pantalon.
La fille : Fais-le toi-même.
La mère : Arrête tes conneries. On fait tout ensemble.
La fille : Faut appeler les flics.
La mère : Oui !
La fille : Crions à l’aide.
La mère : Ferme la porte !
La fille : Quelle porte ?
La mère : C’est quoi ce bruit ?
La fille : On dira la vérité.
La mère : C'est-à-dire ?
La fille : Qu’il venait ici.
La mère : Ils nous foutront en taule.
La fille : Non ?
La mère : Si.
La fille : Alors, on attend un peu…
La mère : Pourquoi faire ? (Pause) J’ai faim.
La fille : …Qu’il fasse plus sombre.
La mère : Plus sombre que ça ?
La fille : C’est qu’il est lourd.
La mère : Non, pas tellement.
La fille : Si.
La mère : Quoi ?
La fille : Si !
La mère : J’ai faim. Mangeons quelque chose.
La fille : Je me sens mal. J’étouffe.
La mère : Va chercher la nappe !
(Tout en parlant, mère et fille étendent la nappe et y disposent de la nourriture.)
La fille : Comment on va l’emmener ?
La mère : Où ça ?
La fille : Là où on doit l’emmener.
La mère : On va le balancer dans l’égout. (Pause) Dans le puits.
La fille : Comment on doit l’emmener ?
La mère : Ah ! On va le fourrer dans le sac !
La fille : Quel sac ?
La mère : Le grand.
La fille : Mais il est pas à nous.
La mère : Et le cadavre, il est à nous ?
La fille : Et pour traverser la cour ?
La mère : On le prendra sur le dos.
La fille : Et la porte ?
La mère : Quoi encore ?
La fille : Le pauvre, il avait même pas dîné.
La mère : Qu’est-ce que t’en sait ?
La fille : Peut-être.
(La nappe est servie. Mère et fille s’assoient autour et se mettent à manger calmement. La lumière diminue à tel point qu’on les distingue à peine. Alors, l’homme repousse l’édredon et se traîne lentement vers la nappe. La lumière disparaît peu à peu.)
mercredi 16 juillet 2008
Literary Thinking, Theatrical Thinking ( Sadreddin Zahed )
lundi 14 juillet 2008
Sadreddin Zahed
They put his youthful picture next to his article.
He started acting from the acting workshops; then he lifted himself up by joining the city theatre team and then went as far as Charsoo theatre and city theatre. Then his acting broke the borders and he went to the theatre of Rome
and then to the theatre of Paris.
Then he went to Amsterdam, Frankfurt, Lahe, Koln, New York, London, and Nice and returned to Paris.
From the very beginning, he was in touch and association with a wide circle of good Iranian directors and famous European ones like Khojaste Kia, Shahroo Kheradmand, Abbas Naalbandian, Esmail khalaj, Iraj Anvar, Arby Ovanessian, Bijan Mofid, Peter Brook, Andy Degrout, André Serban, Jorge Lavelli and worked with them. But his main collaboration was with Ovanessian. From the Disaster of Hosseinebne Mansoure Hallaj to Brecht's (Beckett's) The Good Days ( Happy days) and to the Brecht's Horror of the Third Reich (Fear and Misery of the Third Reich) to Golshiri's Big Explosion ( The Big Bang ) and Peter Gill's The Privacy of the Asleep ( A Sleeper's Den ) to Camu's Caligula and Hedayat's Buried Alive and Chekhov's The Cherry Orchard, he has appeared on the stage in one way or another, from breathing dust on the stage to acting in plays or directing them. He has had a very outstanding and active presence in many festivals of the world. He taught in the workshop of Tehran University for a while in the end of last century. He translated many books into Persian; since they are all about theatre, they were published with the help of Ovanessian.
He is very active in cinema and television too; he has written many essays about theatre in journals including " Theatre Within and Without the Borders " and the same essay " Literary Thinking and Theatrical Thinking ", a new work which is for the first time published for the professional readers of Persian Art. Sadreddin Zahed is still working on the stages of famous theatres of the world in European countries and resumes his artistically opulent life. God bless him wherever he is; we wish him a joyful life!
mercredi 25 juin 2008
Adaptation d'un récit de Sadégh Hédâyat " Lunatique "
Sadeq Hédâyat
( Récit écrit en français par Hédâyat à Bombay )
Lumière de naissance, du commencement
L’HOMME : Une pluie torrentielle fouettait le sol sans défense.
(LA PLUIE – NOIR TOTALE)
Premier jour
Lumière : une ampoule au plafond
L’HOMME : Dans la chambre, au rez-de-chaussée de ma nouvelle pension, quoique visiblement confortable, je ne pouvais pas encore m’habituer aux objets environnants : les meubles avaient une expression bizarre, énigmatique, vivante. La commode trapue, sérieuse, la haute armoire dure et moqueuse, la brave table ronde, le miroir coquet, tous me surveillaient avec une vigilance menaçante. Une odeur âcre et poivrée originaire des Indes flottait dans l’air. Un vieux cordonnier hindou, avec son turban rouge, à demi-nu, s’était abrité sous ma fenêtre en une pose hiératique et résignée, en contemplant le déchaînement des éléments. Il était desséché, presque décharné teinté d’olive, les yeux noirs enfoncés dans l’orbite, sa barbe mal soignée lui mangeait le visage. Une vieille boite et des chaussures usées traînaient devant lui.
Intérieur : Chambre d’hôtel - La soirée
Lumière : une ampoule au plafond
Soudain, on frappa à ma porte : j’ouvris, une femme mince, au visage pâle, aux trais réguliers, avec de grands yeux verts clairs et une chevelure de paille, me dit :
Elle me remercia et s’en alla dans la chambre voisine. J’arrêtai mon phono, en pensant qu’elle devait être une étrangère encore mal adaptée à la musique hindoue, ou la détestant par préjugé. Je m’étendis sur mon lit en parcourant une revue illustrée locale.
Intérieur : Salle à manger - Le soir
Lumière : Découpes sur la table
Après souper, je demandai à notre patron des renseignements sur cette femme. Le patron avec
sa physionomie simiesque et le clignement significatif de ses yeux, me dit :
Extérieur : Chez le cordonnier - La nuit
Lumière : Dehors, la fenêtre
Extérieur : Une rue de Bombay – La nuit de pleine lune
Lumière : La rue + La pleine lune
Extérieur : Bord de mer – La jetée
Lumière : La pleine lune
Intérieur : La chambre d’hôtel – La nuit
Lumière : une ampoule au plafond
Deuxième jour
Lumière : Découpes en guise de couloir
Extérieur : Chez le cordonnier – Le soir
Lumière : Dehors
Lumière : La pleine lune
( NOIR )
Extérieur : Chez le cordonnier – La nuit
Lumière : Dehors
Troisième jour
Lumière : Dehors
Intérieur : La salle à manger – Le soir
Lumière : Découpes pour la table
Extérieur : Le taxi – Une rue de Bombay – La nuit
Lumière : La rue
Extérieur : Bord de mer - Hanging Garden – La nuit
Lumière : Dehors
Extérieur : Le taxi – Une rue de Bombay – La nuit
Lumière : La rue
( NOIR )
Intérieur : La chambre d’hôtel – La nuit
Lumière : Une ampoule au plafond
Quatrième jour
Lumière : Découpes pour la table
Intérieur : La chambre d’hôtel – La nuit de pleine lune
Lumière : Une ampoule au plafond
FELICIA : - Viens près de mois.
Cinquième jour
Lumière : Découpe en guise de couloir
Adaptation théâtrale : Sadreddin ZAHED
lundi 23 juin 2008
Deux regards Persans sur " Cer animal étrange"
Gabriel Arout
inspiré de nouvelles d'Anton Tchekhov
Mise en scène : Sadredin Zahed
Costumes : Malak Khazaï
Musique : Mahmoud Tabrizi-Zadeh
Isabelle Boutros, Dominique Charmet, Fariborz Daftari, Didier Dubau, Anne-Laure Grenon, Mathilde Kaminker, Thierry Le Gall, Patrick Pecorilla, Véronique Piccioto
Mathieu Bellon, Françoise Krawice, Bruno Letellier, Jean Lucasson, Jean Peyrelade, Loïs Ramos, Dia Stephensen, Myriam Viens, Anne-Mireille Zbroszczyk
Le conteur, allégorie du destin ou de la sagesse, prend place. Il installe la scène et se prépare à invoquer ses personnages. L'histoire qu'il va raconter est celle de tous. C'est une peinture de l'homme à travers ses défauts, ses joies, ses vices et ses divers moments de perplexité ou d'hébétude.
Les personnages se succèdent... jusqu'à la dernière touche du tableau, celle qui détermine la fin, inévitable, parce que l'homme naît, vit et meurt quoi qu'il fasse et quoi qu'il ait fait de sa vie.
C'est l'histoire des mille et une vies... De la vie, tout simplement.
Comme un chef d'orchestre, ZAHED marie si bien comédien et rôle que les acteurs deviennent les sons d'une mélodie harmonieuse.
Dans ce spectacle, les éternelles fluctuations qui ont lieu dans la vie quotidienne des hommes et dans leurs rapports entre eux nous sont contées avec tant d'humour et de légèreté que nous émergeons du spectacle comme on émergerait d'un rêve.
Djamileh Nedaï
Keyhan, 20 Juin 1991 Publié à Londres.
Accompagné de deux musiciens assis sur deux petits tapis à côté des comédiens, le conteur parvient à créer une atmosphère très proche de celle des spectacles traditionnels iraniens. Il commence le spectacle, aidé pour cela par son acolyte, et fera jusqu'à la fin le lien entre les différentes histoires.
Ici, les formes traditionnelles du théâtre iranien comme le Rouhowzi, le Pardekhani, l'art du conteur et le Ta'zieh(théâtre religieux proches de nos mystères), se mêlent aux formes théâtrale de l'occident. Le fruit de cette rencontre est un spectacle emprunt de merveilleux.
Rouzegar-e-now
Mensuel Persan édité à Paris
Juillet-août 1991
vendredi 20 juin 2008
à propos de "Trois gouttes de sang"
Trois Gouttes de Sang
Sadegh Hedayat
Mise en scène : Sadreddin Zahed
M. Kaminker, F. Daftari, H. Javdan
Deux comédiens et un musicien aident le conteur qui, assis sur un tapis persan, conte, en recourant aux techniques du théâtre traditionnel, la nouvelle de Hedayat en langue française et de manière fort dépouillée et même pourrait-on dire pauvre.
F. Daftari, H. Javdan, M. Kaminker
C'est un spectacle où contenu et forme s'entrelacent de façon intéressante et où l'univers de Hedayat acquiert une forme théâtrale.
M.Sahar
Rouzegar-e-now
Mensuel persan édité à Paris
Juillet - août 1991
lundi 16 juin 2008
Une lettre sur " Cet Animal étrange "
103,rue de la convention
mise en scène par Sadreddin ZAHED
au Théâtre de la Cité Universitaire
P.S. Vendredi prochain, Madame BOIS Danielle y assistera avec une vingtaine d'élèves. Auriez-vous l'amabilité de leur consacrer quelques explications? Je vous en remercie par avance.
jeudi 12 juin 2008
Grand'peur et misère du IIIe Reich et La presse
M. Bellon, N. Leriche, A. Gorostiza, A. Gandon, B. Minot, F. Pilon
THÉÂTRE SANS INTERDIT
Les moeurs évoluent selon les siècles. Les modes d'expression aussi. Le cinéma s'est depuis longtemps libéré de tout interdit. Plus de tabous, ou presque. Le théâtre lui aussi remue, change, ose... C'est ce que l'on peut constater dans "Grand'peur et misère du IIIe Reich" ; pièce au sujet fort, au sujet troublant : la peur, la misère, le nazisme...
Nous entendons ici des mots durs et troublants : la mort, les camps, le commencement d'un génocide, la montée en puissance d'un dictateur sont évoqués ouvertement. Nous entrons dans un monde froid où règne le plus fort.
Le décor, la musique et la mise en scène : tout participe à cette impression de précarité. Les mots sont forts et un narrateur lisant les didascalies renforce le ton d'une scène. Malgré la diversité des situations, nous pouvons ressentir une continuité par des motifs récurrents : la danse, la marche militaire...
Les acteurs ne nous cachent rien, les changements de costumes ont lieu sur scène. Ils iront même jusqu'à proclamer leur refus, nus sur scène.
Choquant, provocateur? Peut-être que certains penseront oui. Mais d'autres déjà, ne peuvent retenir à la fermeture du rideau une vive exclamation : " C'est beau ".
Sophie VERROEST
Sadreddin Zahed et sa troupeRépétition au théâtre Renaudie(Aubervilliers)
Ouest-France
Mardi 18 avril 1995
Le Festival des Arlequins à Cholet fait triompher la francophonie
Le neuvième festival des Arlequins s'est terminé samedi soir : Les deux autres pièces de la sélection finale ont également été très appréciées du public choletais. Il s'agit de "ça déménage", une création collective et de "Grand'peur et misère du IIIe Reich", pièce de Bertold Brecht interprétée par la troupe parisienne " Le Théâtre D-Nué ".
" La qualité des cinq pièces sélectionnées me fait penser que les autres étaient drôlement bien ", soulignait Geneviéve Page, présidente du jury du gala final.
Chair de poule
Le comédien Jacques Rosny n'a pas oublié de féliciter les autres troupes. Celles qui, finalistes, n'ont pas eu la chance de décrocher un arlequin : "Au théâtre, il n'y a pas de bonheur quand il y a des exclus". Ces deux troupes sont la compagnie Fréderick Lemaître "ça déménage", et Le Théâtre D-Nué pour son interprétation de " Grand'peur et misère du IIIe Reich ", une pièce de Bertold Brecht.
Beaucoup de spectateurs ont d'ailleurs été surpris que Le Théâtre D-Nué n'ait pas figuré dans la liste des trois lauréats. La force du texte, l'originalité de l'interprétation ont beaucoup impressionné les Choletais. " Moi, j'en ai encore la chair de poule. C'était mon coup de coeur ", confiait un habitué du festival. En coulisses, Sadreddin Zahed, metteur en scène, ne pouvait retenir ses larmes. Le théâtre est parfois un art cruel.
Michel CAILLARD
Le Courrier de l'oues
Mardi 18 avril 1995
Pourquoi Brecht n'a pas eu d'Arlequin
Certains spectateurs se sont étonnés de ne pas voir au palmarès "Grand'peur et misère du IIIe Reich" de Brecht, adapté par les Parisiens du " Théâtre D-Nué ".
Le fait d'avoir choisi une adaptation a, dès le départ, quelque peu "handicapé" la troupe. Il suffit de regarder le palmarès - deux créations aux deux premières places - pour s'en convaincre. "Je pense qu'il est plus difficile de faire une création que de prendre un classique". Assure Jacques Rosny.
Mais la raison essentielle de cette déconvenue ne réside pas là, selon le vice-président du jury. " La pièce originale a été déviée, elle est plus multiple. Elle dresse le tableau des responsabilités de la montée du nazisme. Et d'où viennent elles ces responsabilités? Elle viennent de tous. Brecht, il en veut aux braves bourgeois. C'est montré avec férocité mais aussi avec humour. L'adaptation qu'on a vue est trop orientée sur l'abominable image des camps de concentration. Le public a été ému mais nous on vient pour juger de l'ensemble d'un travail ".
La scène finale, où les acteurs sont nus? " J'ai trouvé cela époustouflant. L'image est bouleversante ", répond Jacques Rosny. A la décharge de la troupe, rappelons qu'elle a dû réduire à 50 minutes une pièce qui dure quelques deux heures et demie.
Le courrier de l'ouest
vendredi 21 avril 1995
Lors du gala final du Festival des Arlequins 95, l'opticien mutualiste de Cholet a organisé un jeu destiné au public dont le but consistait à désigner par vote les troupes lauréales qui se verraient attribuer respectivement les arlequins d'or, d'argent et de bronze. Le résultat du vote du public (différent de celui du jury officiel)se répartit ainsi.
Parmi 454 voix exprimées : 119 voix pour "Grand'peur et misère du IIIe Reich"; 102 voix pour " ça déménage"; 88 voix pour "Le ruban blanc"; 73 voix pour "Les ventriloques".
Anna-Maria Gorostiza, Blandine Minot
Le courrier de l'ouest
Vendredi 12 mai 1995
Au menu de notre chronique "En direct" cette semaine, une réflexion de la troupe parieienne du "Théâtre D-Nué", qui participa brillamment au dernier festival de théâtre de Cholet, mais qui chuta au dernier acte.
On se souvient que lors du gala final du Festival des Arlequins de Cholet, certains spectateurs s'étaient étonnés de ne pas voir au palmarès " Grand'peur et misère du IIIe Reich " de Brecht, adapté par les comédiens parisiens du "Théâtre D-Nué".
Jacque Rosny, vice-président du jury final des Arlequins 95, nous répondait alors : " je pense qu'il est plus difficile de faire une création que de prendre un classique (...) L'adaptation qu'on a vue est trop orientée sur l'abominable image des camps de concentration. Le public a été ému, mais nous on vient pour juger de l'ensemble d'un travail ". " quant à la scène finale, où tous les acteurs sont nus, j'ai trouvé cela époustouflant. L'image est bouleversante... " ( c.o. du 18 avril dernier).
Réflexion - réaction du " Théâtre D-Nué " : " Nous avons été très heureux de participer au Festival des Arlequins de Cholet; et nous acceptions la décision du Jury, puisque nous savions que le but du jeu était précisément d'être jugé par ce jury. Cependant puisqu'une question a été soulevée à notre sujet, dans le " Courrier de l'Ouest " du 18 avril dernier, nous apportons nous aussi notre point de vue aux étonnant arguments que le jury met en avantpour justifier son choix.
1) - N'importe quel connaisseur de théâtre sait que la difficulté pour réussir une pièce ne réside pas le choix d'une création ou d'un classique - si tant est que notre spectacle ait été perçu comme un classique! - mais dans le fait d'arriver à construire ce fil invisiblequi reliela scène à la salle, afin qu'une réelle communication s'établisse entre les comédiens et les spectateurs.
2) - La pièce de Brecht n'a pas été " déviée ". Nous avons privilégié un angle de vue. Nous ne pensions pas que le jury était là pour juger de l'oeuvre de Brecht en son entier mais de la réussite - ou de l'échec - d'une orientation volontaire dans un temps limité de 50 minutes... En effet avec seulement 6 scène jouées des 24 scènes de " Grand'peur et misère du IIIe Reiche ", le but du " Théâtre D-Nué " était justement de souligner " cette abominable image des camps de concentration ", d'où le choix du décor constitué d'un four crématoire installé au centre de la scène du début jusqu'à la fin. L'objectif de notre troupe était bel et bien d'interpeller les spectateurs sur la triste actualité de ce cauchmar... Pour notre part nous avons reçu notre récompense par le succès remporté au près du public de Cholet, par les félicitations des autres troups concurrentes et les articles parus dans la presse. " Le public a été ému " reconnaît le vice-président du jury, mais pauvre public qui ne sait pas juger, heureusement que le jury est là pour l'éduquer! "
Sarcastique aussi le "Théâtre D-Nué".